Le cimetière municipal de La Mure se situe à l’Est de la ville, en bordure de la route D114.
Hors les murs au Moyen-Âge, puis en limite de bourg jusque dans les années 1930, la nécropole a été peu à peu absorbée par le tissu urbain. Ce cimetière se distingue par ses dimensions puisqu’il intègre les sépultures de communes voisines : Susville, Sousville et Prunières, soit 2397 emplacements sur 24280 m². L’autre particularité est le panorama qu’offre le site avec une vue dégagée sur le massif du Taillefer, le Beaumont, le Trièves… et surtout l’Obiou, le sommet du Dévoluy haut de 2 790 m.
1. Histoire
Les tombes de La Mure jouxtent le chevet de l’ancienne église paroissiale Notre-Dame élevée par les Bénédictins du Viennois au XIème siècle. Le prieuré – église et dépendances – était alors à l’extérieur des remparts de la cité delphinale. Le sanctuaire est rasé v. 1578 par les Protestants puis reconstruit par les catholiques à partir de 1606. La nef et les chapelles ont abrité les dépouilles des familles nobles et du Clergé jusqu’à la Révolution.
Tronquée en 1902, l’église porte le nom de Saint-Pierre-Julien Eymard (1811-1868) depuis 1962. La dépouille de ce curé canonisé par Jean XXIII a été exhumée par ses disciples en 1877 mais le cénotaphe est toujours visible à l’entrée du cimetière. L’usage du cimetière ad sanctos n’a a priori jamais été interrompu. On suppose qu’il reste dans ses limites jusqu’au milieu du 19ème siècle. Un jardin au Sud du presbytère attenant est acheté en 1849. Un plan de 1887 annonce les extensions réalisées au Sud. Le passage du chemin de fer vers 1907 rectifie les limites Nord et causent des expropriations, source de procès. Un troisième agrandissement (1923) à l’Est absorbe le Chemin du Pré Sabot, puis un quatrième encore au Sud (1954) donnent au cimetière sa physionomie actuelle. Ces ajouts successifs sont parfaitement lisibles sur le plan des lieux. Le IIIème millénaire verra un nouveau carré à l’Ouest puisque la ville a réservé une parcelle le long de la rue des Alpes (RN85).
2. Aspects patrimoniaux et artistiques
Le cimetière de La Mure garde quelques beaux monuments en pierre locale (calcaire gris) notamment les pyramides qui distinguent les bienfaiteurs honorés par la mairie v. 1900. En général, les tombes sont relativement modestes – un seul petit mausolée pour l’architecte de l’Hôtel de Ville Jules Besson – mais beaucoup s’ornent d’un décor sculpté certes classique mais de qualité remarquable. La raison est due aux habiles tailleurs de pierre et marbriers qui se sont succédé au début du 20ème siècle : Ets Luyat (Albert Luyat mort en Déportation, son monument mérite le détour), Ets Renet. Les sculpteurs Auguste Davin († 1937) et Abel Chrétien († 1972) ont laissé d’excellents bustes et médaillons en pierre ou en bronze. Les tombes les plus monumentales prennent appui sur les murs des carrés les plus anciens.
Le décor du mobilier funéraire (plaques ou autres) fait souvent référence à la mine, principale industrie disparue à la fin des années 1990 : lampes, « gueules noires », pics & pelles. On a même relevé une stèle gravée d’un drapeau communiste.
Autre répertoire notable : la montagne. Deux tombes reproduisent l’Obiou : l’une d’elle est sculptée fidèlement selon une mise en abîme étonnante ; la seconde, artisanale et polychrome, dénote parmi les productions de série.
Chasse, sport (rugby, boules, football, auto), métiers divers sont aussi présents dans le décor contemporain.
3. Aspects militaires
En 1921, un obélisque dessiné par le Murois Victor Miard est dressé pour honorer les morts de 1914-1918. D’autres noms s’ajoutent en 1945. Le cimetière garde les tombes et des plaques commémoratives de combattants des deux conflits mondiaux, de Résistants et des guerres coloniales. Bien que chef-lieu de canton, il n’y a pas de stèle en référence à 1870. Entretenue par le Souvenir Français, une modeste croix rappelle le souvenir de Charles Nogues mort de ses blessures à La Mure en 1916 et que sa famille du Calvados n’a pu ramener.
Il existe enfin un caveau abritant la dépouille d’un soldat tué à Waterloo (1815).
4. Aspects sociologiques
Comme il est de coutume, les monuments les plus importants honorent les dynasties liées à l’industrie ou au commerce au tournant des années 1900. D’abord modestes, les sépultures des premières familles d’immigrés attirés par la mine – familles italiennes, polonaises, espagnoles, yougoslaves… - ne se distinguent plus. Une tombe vietnamienne attire aussi l’attention par ses inscriptions et sa forme de temple.
5. Religion
Plusieurs confessions cohabitent sans aires distinctives (il n’y plus de carré protestant) : les tombes catholiques sont majoritaires devant les protestantes ; les quelques tombes musulmanes sont surtout maghrébines, les tombes turques sont extrêmement rares, cette communauté - importante à La Mure - préférant l’inhumation au pays. A noter l’absence de sépultures israélites.
Quelques tombes n’ont aucune référence religieuse.
6. Quelques noms
Parmi les noms à retenir outre saint Pierre-Julien Eymard, citons Jean-Marc Barnola (195-2009).
Ce glaciologue et paléoclimatologue appartenait au Laboratoire de Glaciologie et de Géophysique de l'Environnement (LGGE) à Grenoble. Ce glaciologue a laissé un point géographique (Pôle Sud : 75°42.55’S, 123°15.50’E, altitude 3236m) et un glacier (sur l’île James Ross, Antarctique) qui portent son nom depuis 2012. Pour l’anecdote, une de ses tongs est sur sa tombe, la seconde au pôle sud. Chaque tong s’accompagne d’une plaque avec son portrait.
7. Aménagements récents
Le cimetière de La Mure dispose enfin d’un caveau municipal et de deux espaces cinéraires créés dans les années 2000. L’un est aménagé avec 5 columbariums, 6 cavurnes et un « jardin du souvenir » agrémenté d’un banc et d’arbres. Le cimetière de La Mure est très « minéral » avec quelques surfaces gazonnées qui préservent d’anciennes tombes d’enfants, notamment sur la partie pentue bordant le monument de 14-18. Les centaines d’arbres de la fin du 19ème siècle ont été coupés.
8. Divers
Au gré des travaux publics ou privés, des découvertes fortuites de squelettes confirment d’autres lieux d’inhumation dans le passé : cours de l’école des Capucins (couvent aux 17ème et 18ème siècles avec son cimetière), secteur de l’ancien temple (disparu) derrière le lycée.
Adresse :
Horaires :
Pour les piétons, les portillons du cimetière sont ouverts au public, tous les jours de l’année, de 7h00 à 19h00.
Pour les véhicules dûment autorisés comme précisé à l’article 8 du règlement, hors les véhicules d’entretien de la ville, l’entrée est admise, après avoir retiré la clé du portail au service d’accueil de la Mairie aux jours et horaires comme suit :
Le lundi de 14h00 à 16h00 ;
Du mardi au vendredi : de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 16h00 ;
Le samedi de 10h00 à 12h00.
Dimanches et jours fériés exclus.